mardi 30 août 2011

Pastel Fauve

Pastel Fauve, Carmen Bramly, édition JC Lattès

Quatrième de couverture: "Je n'ai encore jamais eu de garçon dans mon lit. Mes désirs restent empreints d'une pureté virginale qui me fait concevoir l'acte d'amour comme sincère et beau. Quand j'y pense, je vois des draps blancs, de doux sourires, et encore du blanc. Je suis encore sourde et aveugle. L'idée d'une passion mêlée de désir charnel, le besoin de se repaître de l'autre, tout cela m'est étranger, quoique je ne sache pas, ce soir, si je préfère les tons pastels ou les couleurs fauves. Si ça se trouve, les choses sont plus compliquées que je me les imagine.

C'est la dernière nuit de l'année. Paloma, quatorze ans, s'apprête à réveillonner sur l'île de Bréhat, où ses parents ont une maison de vacances. Elle doit retrouver Pierre, de deux ans son aîné, qu'elle connaît depuis toujours. Ils ne se sont pas vu depuis l'été précédent, l'adolescente s'est transformée et les rapports sont à réinventer.
C'est la dernière nuit de l'année et peut-être aussi un adieu à l'enfance."

Sortit lors de la rentrée scolaire 2010, Pastel Fauve a beaucoup fait parler de lui en premier pour le jeune âge de l'auteur (quinze ans) et ensuite pour son contenu qui enthousiasmait certains et énervaient d'autres (tout le monde ne peut pas être toujours d'accord). Je vais donc me rajouter à tous ces lecteurs qui donnent leur avis, mieux vaut tard que jamais!

D'abord le style est très bon, c'est indéniable. Carmen Bramly sait représenter sentiments et actions et le fait sans problème. Ensuite, les références qu'elle apporte tout au long du récit prouve sa passion pour la Littérature, ce qui rassure les "grandes personnes' qui traitent la jeunesse d'inculte.
Cependant: ses personnages ne sont pas crédibles. Son héroïne, Paloma, ne correspond pas à l'idée d'adolescente. On a beau être mature à son âge -cela existe- une ado, qui se veut représentative, ne parle pas d'une telle manière et n'est pas capable de réciter aussi aisément du Cid, qu'on ai fait du théâtre ou pas. Cette scène où elle et Pierre se donnent les répliques de la pièce n'est absolument pas réaliste et n'apporte rien au lecteur si ce n'est comme un goût déplaisant de vantardise (volontaire ou pas).
L'histoire de base, l'amour adolescent, est banale mais plaisante. Cependant: Paloma est d'une telle vulgarité que cela, après avoir bêtement choqué ou dérangé, exaspère. Le personnage se change soudain en une femme mûre en chaleur, on ne reconnaît pas la "fraîcheur" qui émane d'une gamine de quatorze ans, et qu'elle revendique pourtant. Ici l'idée d'amour est trop vague ou pas assez orientée, et l'acte d'amour se dirige vite vers l'acte sexuel gratuit. Carmen Bramly a malencontreusement métamorphosé son roman d'amour adolescent en une simple histoire de cul.
L'idée du chanteur, Peter Doherty, est assez sympa mais là aussi la description est mal exprimée. Ce qui aurait été agréable sous la forme d'une réflexion sur l'amour impossible (fantasme, sens unique, etc.) devient un dialogue snob, gros point noir d'agacement du roman.
Il est clair que ce récit a un public bien précis: les adolescents bobos parisiens, cela se sent. Pierre et Paloma sentent la vantardise, la volonté de paraître et la superficialité de la fausse culture. C'est trop "énorme" et ça énerve par son surréalisme.
Un autre point important: l'idée de mort. On ne sait pas pourquoi elle apparaît soudainement dans l'histoire comme la mouche dans la soupe. Elle est incongrue et ne convient pas à l'atmosphère de Pastel Fauve. Elle semble placée là par naïveté. Peut-être que si elle avait été traité de manière moins niaise (car ici on tangue entre l'opérette et l'invocation d'esprit grinçante) cela aurait parfaitement aboutit. Mais les adolescents qui soudain, entre deux danses et deux engueulades, font une réunion en cercle pour un mort, et lui font chacun un discours, est déplacé. Il n'est pas ici question de morale mais de vraisemblance.

Voilà à peu près mon avis sur le premier roman de Carmen Bramly. Je ne dirais pas que j'ai adoré, mais je n'ai pas non plus détesté. La plume de l'auteur est très bonne,  pour ne pas dure excellente et le serait certainement d'avantage sans tout ce "trop", cette volonté excessive de bien faire qui gâche malheureusement l'ensemble. Il faudrait qu'elle lâche un peu de leste pour parvenir à un style de haut niveau, ce qui ne lui est pas impossible. En gros on veut voir la suite, qui sortira début d'octobre.



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