jeudi 29 mars 2012

Interview Marie Caillet


Je crois que ça va devenir une habitude d'embêter les écrivains avec mes questions, enfin, on se refait pas. Voici donc un interview-mail avec Marie Caillet, auteur de L'Héritage des Darcer qui a eue la gentillesse de répondre (de super longues réponses en plus! ^^). Merci encore!

1) Une petite présentation?
Bien volontiers. J'ai 21 ans, je suis étudiante en Lettres Modernes Appliquées, auteur en parallèle d'une première trilogie, L'Héritage des Darcer. J'écris depuis que je sais tenir un crayon, et je me passionne pour l'écriture de romans, particulièrement la fantasy, depuis le collège. L'Héritage des Darcer est particulièrement important pour moi car il m'accompagne depuis bientôt 4 ans. J'ai d'autres passions, comme le dessin ou la peinture, j'adore lire, évidemment, je suis résolument éclectique en matière de musique, et détail totalement inutile, j'adore le vert. Et les ânes.

2)  Mydria sort de ta tête, mais comment exactement?
Ah! C'est une bonne question. Mydria (My pour les intimes) fait partie de ces personnages qui débarquent un beau jour avec leur nom, leur caractère et leurs petites manies. My est un peu à l'origine de L'Héritage des Darcer, elle est née de mon envie de créer une héroïne qui n'en serait pas une (du moins au début): petite demoiselle gâtée, dotée d'un pouvoir qui la rend plus vulnérable qu'autre chose (je laisse la surprise à ceux qui n'ont pas lu le tome 1). Mais malgré ces handicaps, My a l'étoffe d'un héros, un vrai: elle s'accroche et s'impose, dans ma tête pour commencer. C'est ainsi que je l'ai entraînée dans l'aventure -ou l'inverse.

3) Orest, il a modèle ou il est égal à lui-même et sort de nulle part?
Je suppose que comme My, Orest est inspiré de mes lectures de fantasy, je pense notamment à Hugh-La-Main dans Les Portes de la Mort, de Margaret Weis et Tracy Hickman. On a bien des parents, les personnages ont sûrement des modèles, des racines quelque part. Mais ce qui est intéressant, c'est quand ils s'en affranchissent. C'est ce qui est arrivé à Orest. C'est un être difficile à cerner, sarcastique, renfermé, il a un immense contrôle sur lui-même. Un personnage très intense. D'où sort-il? Bonne question. Son nom a dû jouer pour créer son caractère (Oreste, dans la mythologie grecque, a tué sa mère, Clytemnestre, pour venger la mort de son père Agamemnon). Orest était, pour moi, un nom particulièrement adapté pour un assassin.

4) Comment imagines-tu les créatures, les lieux et les personnages?
C'est une question intéressante: je me rends compte qu'en fait ça varie beaucoup. Certains éléments sont présents dans le scénario, dès le début. D'autres idées me viennent au fur et à mesure, et se greffent sur l'histoire. Un personnage est entré de cette façon dans le tome 1 (oui, Allian, on parle bien de toi!). Le point commun entre toutes ces choses, c'est une idée, une seule idée de départ, mais suffisamment puissante pour "incarner" quelque chose, ou attirer d'autres idées à elle. Par exemple, le Lanvox (qui intervient dans le tome 2) a pour caractéristique de lire l'ascendance dans le sang. C'était ma première idée, puis peu à peu, j'ai imaginé son apparence, son caractère, ses faiblesses et comment son pouvoir se déclenche. C'est un travail que j'adore faire. De façon générale, dès qu'il s'agit de créer les pays, la carte, la faune et la flore, je m'amuse beaucoup.

5) Tu as déjà une idée de ta prochaine histoire, si oui se passera-t-elle dans ce monde-là ou dans un tout nouveau?
Je n'exclue pas la possibilité de retourner en Edrilion...un jour. Mais ce serait avec le tumultueux passé d'Allian ;) Pour le moment, j'ai d'autres projets, dont un en fantasy, sur lequel je planche. J'e dirai plus dès que possible!

6) Un écrivain à respecter plus que tout?
Un seul? C'est dur ça...Je dirais George Martin, pour sa maîtrise de son monde, des personnages, des multiples intrigues. C'est extrêmement impressionnant.

7) Comment écris-tu (le matin, avec de la musique, etc.)?
En semaine, c'est essentiellement le soir. J'écoute plutôt des musiques d'ambiance, assez discrètes et planantes, qui permettent de se mettre dans un certain état d'esprit sans être déconcentrée.

8) Imaginons le film, une idée d'acteurs?
Je veux absolument assister au casting du papillon. ^^ La seule actrice que j'ai en tête concerne My. Ce serait Mia Wasikowska (l'Alice de Tim Burton), je trouve qu'elle ressemble beaucoup à My, d'allure, de visage. D'ailleurs la proximité des noms est amusante.

9) Un roman que tu aurais aimé écrire?
La rivière à l'envers de Jean-Claude Mourlevat. Un lvre tout simple aux allures de contes, c'est un enchantement à lui tout seul. Je le conseille vivement, rien que le prologue est un délice. 

10) Quelle est la chanson qui convient le mieux à l'Héritage des Darcer, selon toi?
Anywhere is d'Enya. Les paroles n'ont pas de rapport avec l'histoire mais c'est une chanson que j'écoutais énormément quand j'écrivais le tome 1. Pour le tome 2, plutôt Stairways to the Stars, de Within Temptation.

11) Je vais me la jouer retardataire: comment s'est passé le concours, les résultats et la publication du premier tome?
Le concours a été lancé en 2009, avec Barry Cunningham, l'éditeur d'Harry Potter, et Anne Robillard (Les Chevaliers d’Émeraude) dans le jury. Le but, pour Michel Lafon, était de trouver un nouvel auteur français en jeunesse. J'avais 18 ans quand j'ai écrit le premier tome de L'Héritage des Darcer. Autant dire que l'année 2010 a commencé en beauté, avec l'annonce de ma publication! C'était la réalisation d'un grand rêve, avec, il est vrai, une part d'angoisse. Entrer par la "grande porte" est un honneur. C'est aussi un choc de réaliser qu'un cap est passé et que maintenant une équipe compte sur vous. Mais quel bonheur quand on tient enfin son livre dans ses mains et qu'on se dit: ça y est, il va vivre sa vie!

12) Qu'est-ce qui te plaît le plus dans l'écriture?
Beaucoup de choses. Je suis toujours fascinée, dans les livres que je lis ou ceux que j'écris, de voir à quel point les mots peuvent faire vivre un personnage, éveiller des émotions chez le lecteur. C'est de la vraie magie. Mais je crois que ce qui me plaît le plus, c'est quand les idées affluent et qu'un projet se concrétise, devient un scénario, puis un plan puis...en route!

13) Si tu devenais toi-même un personnage de ton histoire, quel rôle jouerais-tu?
Je pense que je serais un chat. Histoire de suivre l'aventure si ça me chante, ou de partir explorer Edrilion de mon côté. Un chat-scribe, idéalement.

14) Si tu avais le Don, tu prendrais quelle apparence?
Un truc avec de grandes ailes, un caractère épouvantable et un goût affirmé pour les cimes enneigées. Un Hakroo ou un aigle, ce serait bien.

15) La chose la plus dingue qu'un lecteur t'ait dite?
J'ai entendu des choses qui m'ont fait très plaisir. Des dingues, je ne sais pas, peut-être le "on attend le film" qui me laisse toujours perplexe. En admettant que ça arrive un jour, je ne sais pas si c'est forcément une bonne chose, ça trahit toujours un peu l'histoire. Pour un lecteur passionné, c'est sûrement merveilleux si l'adaptation est réussie, pour un auteur...est-ce qu'on a vraiment l'impression de retrouver son univers? Pas si sûr.

16) Tu décris à la perfection les armes: longues recherches ou collection d'armes chez toi?
J'ai une arme redoutable chez moi, une dague. Qui est en réalité un coupe-papier. Donc non, pas d'armes, mais je me suis passionnée pour l'escrime et je me suis documentée là-dessus, ce qui m'a donné un certain nombre d'idées pour les épées, notamment.

17) Une petite dernière pour la route: My, avec les chaussures qu'elle se traîne dans tout le tome 1, comment se fait-il qu'elle ait encore ses pieds?
Le syndrome Darcer, je suppose. Ils sont coriaces dans la famille!

dimanche 25 mars 2012

Les Agents Littéraires: Les Dérangés

Les Dérangés, Audrey Denjean, éditions Kirographaires.

Quatrième de couverture: "Une pendule à coucou, une petite fille prénommée Julie, des gallinacés, un baldaquin en kit, ainsi qu'une parka rouge et des faux cils ont été nécessaires à l'auteur pour écrire ces douze histoires.

Inventées, inspirées du quotidien ou de chansons, ces nouvelles mettent la lumière sur des facettes particulières de la société actuelle. Prostitution, amour tabou, folie, sexe automatisé et autres différences se croisent ici, autour d'un seul et même lieu: le Café Noir."

Avec ce recueil de nouvelles, Audrey Denjean s'essaye au genre délicat de l'humour noir où le sarcasme et le salace se retrouvent à quasiment toutes les histoires que l'auteur nous fait découvrir. Un essai pas toujours réussi. 

On explore différents univers et on suit le quotidien de plusieurs personnages. Les histoires ont presque toutes un dénouement tragique. Entre la mère possessive, l'employée désabusée et l'homme caméléon on ne sait plus où donner de la tête. Comme si l'auteur, à travers toutes ces nouvelles voulait nous montrer l'étendue de son écriture. Effectivement on passe du fantastique à la plus banale histoire quotidienne en passant au thriller noir. Mais ce mélange peut parfois nous donner la migraine.

Le style de l'auteur est juste, agréable à lire et même drôle. Le problème vient des dénouements. Audrey Denjean veut absolument surprendre le lecteur à la fin de chaque nouvelle et c'est là que ça cloche: c'est inégal. Parfois elle y parvient avec brio, la fois suivante elle est tellement prévisible qu'on s'ennuie. Les personnages sont eux aussi quelquefois très clichés, l'auteur a de bonnes idées, mais elle n'arrive pas toujours à en tirer le meilleur. 

Même avec ces points noirs, Les Dérangés s'en sort bien. Notamment avec les idées de l'auteur qui sortent malgré tout de l'ordinaire et qui, mieux maîtrisées donneront d'excellentes histoires. En fait, le vrai problème des Dérangés c'est qu'il s'agit de nouvelles. En format roman ça aurait été génial. Là, c'est vraiment trop court et on sort de la lecture avec l'impression d'être ne manque de quelque chose. On veut voir le roman en "cours d'écriture"! 

L'Héritage des Darcer

    L'Héritage des Darcer, Marie Caillet, éditons Michel Lafon.

   Ah! Marie Caillet et son petit livre (407 pages!)... elle a pas eu de bol Marie Caillet, j'avais acheté son livre le mois de sa sortie mais je n'ai jamais eu l'occasion, ni l'envie de le finir (l'art de prendre des pavés quand on déprime). Mais rassurez-vous, je me suis bien rachetée depuis le temps, et pour cause, c'est en partie cet écrivain qui qui m'a redonné foi dans le Fantastique, rien que ça. Si si.

L'Héritage des Darcer est une quête. Celle de Mydria Siartt, adolescente bien née et jolie blonde qui découvre du jour au lendemain qu'elle est l'unique descendante d'un roi disparu depuis plusieurs siècles. Alors non seulement elle doit aller chercher le trésor familial pour reprendre le trône perdu de son royaume mais elle doit également apprendre à maîtriser son Don, pouvoir magique et dernier héritage de son royal ancêtre. Une quête fantôme? Chouette! On part quand? Malheureusement pour le lecteur, Mydria n'est pas du tout de cet avis, cette couronne sortie d'on ne sait où ne l'intéresse pas. Elle tient à sa petite vie tranquille de fille riche. Mais comme ses parents sont ravis pour elle et on déjà décidé d'organiser le voyage, elle s'enfuit, espérant échapper à ce destin encombrant.
A partir du moment où elle a posé le pied en dehors de la propriété familiale, Mydria commence la quête, bien malgré elle. Elle devient fugueuse, prisonnière, voleuse et accessoirement escrimeuse du dimanche...en bref la vie d'une jeune héritière n'est pas de tout repos, surtout quand on est en compagnie d'un groupe de brigands.

   Le livre ayant déjà une belle renommée, je n'en dirais pas plus. Mais je peux donner mon avis non? Non? Tant pis, je donne quand même.
   Comme à ma première lecture j'étais de mauvaise humeur et pas du tout dans l'histoire j'ai tout relu (sage que je suis), et j'ai bien fait.
Marie Caillet écrit...comment dire...très bien, tout simplement. Elle décrit les lieux, les personnages et les actions de manière fluide et poétique (avec beaucoup de vocabulaire) qui enchante le lecteur.
Elle parvient en un seul livre à nous faire découvrir une multitude d'univers plus impressionnants les uns que les autres. On passe de la quête aux scènes de combat, du film d'horreur à la comédie romantique (si, ici c'est bien un compliment). L'Héritage des Darcer est semblable à une boule d'énergie, ça commence lentement (très lentement) puis sans qu'on s'en rende aperçoive l'histoire s'accélère, s'accélère jusqu'à nous faire penser "crescendo!" à quasiment toutes les lignes. 
Il en est même pour l'histoire d'amour. Au début on se demande même si il va vraiment y avoir du sentiment,  à la fin on à un sourire jusqu'aux oreilles et on acquiesce. Les émois amoureux arrivent tout à coup, mais dans un tout à coup tellement bien expliqué et tellement crédible qu'on applaudit des deux mains.

   En gros, on est prit par l'histoire sans soupçonner un seul moment que ça puisse être possible...et on adore! Pour donner un exemple: je prends le RER, je lis quelques pages et je manque de peu de rater ma station tellement je suis plongée dans ma lecture (quand ça arrive une fois on peut penser qu'il s'agit d'un  coup de chance pour l'écrivain, mais quand ça arrive toute une semaine on en vient à ne pas sortir le livre du sac pendant le trajet!). 
Pour faire court j'ai adoré la lecture, plus que ça je me suis empêché de dormir sans avoir terminé le premier tome et il a fallut que je me fasse violence pour ne pas lire le tome 2  d'une traite (j'ai malheureusement besoin de sommeil, moi aussi).  Je vais pas dire que je suis fan parce que je suis pas très douée pour les évanouissements dans une foule en délire mais j'avoue volontiers regretter que le troisième tome ne soit pas déjà en librairie...c'est quand la suite? 

mardi 20 mars 2012

Jolies Ténèbres

Jolies Ténèbres, Kerascoët & Vehlmann, éditions Dupuis.

Attention, sous ses airs de mignon petit conte, Jolies Ténèbres cache plus d'un cauchemar sous sa couverture!

Jolies Ténèbres, c'est l'histoire d'Aurore, jeune demoiselle naïve, émotive, attentionnée et amoureuse du beau prince Hector. Les deux premières planches n'ont pas de décor, on voit Aurore, son  ami Plim et Hector se retrouver autour d'un goûter. L'arrière-plan est tout blanc. Tout à coup les lieux sont envahis par une boue rougeâtre qui ensevelit tout. Les trois amis sortent précipitamment de la demeure, comme tous leurs voisins, c'est la panique à l'intérieur et dehors c'est la tempête. Le lecteur suit la fuite avant de réaliser qu'il y a quelque chose qui cloche...tous ces petits êtres sortent du corps inanimé d'une petite fille, perdue en plein milieu des bois, son cartable d'écolière à côté d'elle.
A partir de là tout change autour du petit groupe, et la forêt dans laquelle ils se retrouve se révèlent plus dangereuse que prévue. Aurore, le coeur sur la main, tente de conserver un semblant d'harmonie dans cet univers sombre et risqué avant de comprendre la cruelle vérité: le monde est mauvais, et si elle veut survivre il va falloir qu'elle aussi joue à la loi du plus fort. Ici c'est chacun pour soi, et c'est le plus malin et le plus immoral qui gagne.

Avec un graphisme jonglant entre l'illustration pour enfants  et le style réaliste, dans des tons colorés et une représentation épurée de la nature Jolies Ténèbres parle de la nature humaine sous son plus mauvais jour, avec un humour noir frôlant le cynisme, et on reste subjugué. D'abord par l'hécatombe: les personnages périssent les uns après les autres dans des situations parfois horribles et parfois grotesques. Ensuite par la justesse du récit, qui tout en montrant des scènes affreuses nous emprisonne doucement dans un monde empli de froid et mélancolique.
Même une fois la bd refermée on reste choqué, avec des questions pleins la tête: que faisait cette petite en plein milieu de la forêt? Comment, et pourquoi est-elle morte? Qui est ce grand homme qui vit seul dans la forêt? Aurore parviendra-t-elle a conserver un semblant de bonheur malgré sa tragique aventure?

Jolies Ténèbres retourne le coeur du lecteur, d'une manière brutale et belle. Le titre résume à lui tout seul l'univers de cette histoire: on entre dans un monde où les ténèbres sont tellement jolies qu'on en oublie qu'elles sont mortelles.

lundi 19 mars 2012

La fois où je suis devenu écrivain

La fois où je suis devenu écrivain, Vincent Cuvellier, éditions Rouergue.

Je reviens en mode inculte...en vous mettant un extrait de ma petite vie, je revenais alors du Salon du Livre (en ce beau samedi pluvieux):
Mère: tu as acheté des livres?
Oly: oui, regarde.
Mère: tiens, tu lis Cuvellier maintenant?
Oly: tu le connais?
Mère: tout le monde le connaît.
Je vous dis pas le grand moment de solitude...enfin. C'était LA découverte de ce Salon du Livre 2012: Vincent Cuvellier, écrivain avec une trentaine d'oeuvres à son actif.

Je dois avouer que ce qui m'a attiré en premier c'est le titre (comme pour les 3/4 des livres je suppose), ensuite c'est la couverture. Tous ces mots écrits dans le désordre m'ont plu, j'avais l'impression de lire en direct les pensées du jeune homme juste en dessous du nuage de mots. 

Petit livre, tout juste 77 pages, qui parle de la journée la plus importante de l'auteur: le jour où il a reçu le premier prix à un concours avec son tout premier roman, il avait alors 16 ans (La Troisième Vie, aux éditions Milan). Il nous raconte ses galères de jeune chômeur (il a arrêté les études après le collège), son désir de devenir poète maudit, ses années d'errance (quinze ans entre son premier et son deuxième roman) et ses réflexions sur tous ces évènements passés...
En gros on rentre dans sa tête. On se retrouve en face de l'auteur qui nous parle de sa vie et on adore. Il nous fait rire et nous captive (si bien qu'il m'a fallut moins de trois heures pour lire, happée que j'étais!).

J'ai pas grand chose à dire d'autre sur La fois où je suis devenu écrivain, si ce n'est qu'il m'a beaucoup amusé et que j'ai vraiment apprécié la lecture, c'est toujours intéressant le parcours d'un écrivain.
Et Vincent Cuvellier parle/écrit tellement bien que j'ai été piqué par la curiosité. J'ai envie de découvrir ses autres romans, ça ne va pas arranger ma PAL ça...

jeudi 15 mars 2012

Celle que...


       Celle que... de Vanyda, ed. Dargaud
    Série en trois volumes (Celle que je ne suis pas, Celle que je voudrais être et Celle que je suis), terminée.

J'adore la bd, et j'adore les histoires simples et bien construites. Celle que... est un très beau mélange de tout ça.

On suit Valentine de ses 14 ans à ses (presque) 17 ans, et avec elle ses histoires entre copines, ses amours, ses relations familiales et son quotidien d'adolescente un peu effacée. 
Valentine n'est ni comme sa meilleure amie Emilie, la redoublante aguicheuse et grande gueule, ni comme Yamina, la grande et jolie fille fan de mangas calme et sûre d'elle, ni comme Julie la petite blonde toute mignonne, elle est juste elle. Le problème c'est qu'être juste elle ça ne lui convient pas, elle n'arrive pas à se trouver et a du mal à s'exprimer dans son groupe. 
Dans le premier tome, Celle que je ne suis pas, Valentine est effacée, presque insignifiante face à ses amis du collège qui ont presque tous un caractère bien trempé et qui ont l'air de savoir où ils vont contrairement à la jeune héroïne qui malgré tout ce qu'elle pense n'est pas si ignorée que ça. Jolie, et sympa Valentine a tout pour plaire mais n'arrive pas à trouver à sa juste place...

Dans le second tome, Celle que je voudrais être, Valentine entre au lycée et comme un fait exprès se retrouve séparée de son groupe de copines, chacune dans une classe différente. Loin d'être seule pourtant elle retrouve des potes du collège qu'elle découvre sous un nouveau jour, et même fait de nouvelles rencontres. A travers ce volume on voit peu à peu l'évolution de la jeune fille qui commence à parler à haute voix et qui montre à tous qu'elle aussi à des choses à dire, même si elles ne sont pas toujours très bien exprimées...

Dans le troisième tome, Celle que je suis, Valentine a désormais sa place bien à elle au lycée, de plus en plus affirmée et jolie elle pourrait bien faire craquer les garçons. On perçoit chez elle un aspect nouveau: sa maturité et sa fragilité, chose qui nous manquait dans les tomes précédents. On comprend pourquoi Valentine a toujours été un peu terne aux premiers abords, et on est ravis de découvrir une jeune fille dynamique, enjouée et heureuse...

Le style de Vanyda est très pur, dans un style proche du manga ses planches sont en noir et blanc. Son dessin est beau et tout en simplicité. Elle arrive à nous raconter une adolescence qu'on oublie un peu, souvent mise à la trappe face aux histoires plus sombres, ou plus caricaturales. Ici on aperçoit une adolescence douce, un peu rêveuse mais avec tout de même ses doutes et ses erreurs. Celle que... reflète bien la vie quotidienne: faite de moments de délires et de moments difficiles, tout en nous faisant rire et en nous touchant par la sincérité des personnages. 
Ce que j'ai particulièrement aimé dans cette bd c'est l'évolution des personnages, tous grandissent et passent du stade de l'enfance à l'adolescence à leur manière sans devenirs caricaturaux ou ridicules. Ce qui est bien c'est qu'on est dans le quotidien, on prend la vie comme elle est la plupart du temps (même si on a tendance à la voir très rarement sous cet angle): simple mais bien remplie.



samedi 10 mars 2012

Interview Claire-Lise Marguier



Photo de l'auteur sur son profil Facebook

En tant que curieuse professionnelle j'ai réussi à poser un sac énorme de  questions à Claire-Lise Marguier, auteur de le faire ou mourir (ma chronique  se trouve  ) paru chez les éditions Rouergue. Je la remercie donc d'avoir répondu aussi vite et aussi gentiment (et de ne pas s'être enfuie devant la vingtaine de questions qui sont apparues d'un coup sur son écran  d'ordinateur), et vive les mails quoi...





Une petite présentation de l'auteur?
32 ans, mariée, maman d’un petit garçon de 5 ans, aide-soignante dans une maison de retraite, métier passionnant.



Comment est venue l'idée du roman?
En lisant un fait divers malheureux qui m’a extrêmement touchée. J’évite un maximum la presse, surtout lorsqu’elle résume un drame en dix lignes, mais cette fois je n’ai pas pu faire autrement que de lire l’article et j’ai été bouleversée. Un jeune homme de 17 ans avait pris une arme dans la collection de son père, avait tué des élèves de sa classe, des professeurs, puis était sorti dans la rue pour tuer des passants, avant d’être pris en chasse par la police et de retourner son arme contre lui. Autant j’étais peinée pour les victimes innocentes, autant savoir qu’un adolescent pouvait mettre un terme à sa vie de cette manière m’a profondément marquée, surtout avec les commentaires des personnes qui étaient autour de moi et qui jugeaient le drame sans rien connaître de la vie de ce jeune homme. J’ai d’ailleurs intégré au texte certain de ces commentaires (c’est un meurtrier, il vaut mieux qu’il se soit tué, etc.…) Je me suis demandé ce qui avait bien pu se passer dans sa vie les 6 derniers mois pour en arriver à cette extrémité et j’ai eu envie de l’écrire, mais rien que pour moi, pas du tout dans l’intention de le faire lire et encore moins de publier. 

Vous êtes-vous inspirée de votre vécu?
Pas du tout ! Je ne connais ni les scarifications, ni un mal-être au point de penser au suicide, j’ai un tempérament foncièrement optimiste qui s’accommode de tout, pour peu que je prenne un peu de temps pour digérer les choses. Je me dis toujours que ça ira mieux le lendemain. Néanmoins, je crois qu’on a tous des moments où on va moins bien, des petits coups de blues, et je n’y échappe pas. Ce sont d’ailleurs pour moi des moments propices à l’écriture. Je me suis inspirée de ce que l’on ressent dans ces moments en exagérant.

D'où vient cette envie d'écrire?
Aucune idée. J’ai toujours écrit. Journal intime beaucoup, comme toutes les filles, des lettres à une amie imaginaire. Des poèmes, des textes courts pour le plaisir de mettre en scène des personnages, des récits, rien de vraiment abouti. Je me dis souvent qu’écrire c’est un peu –pardonnez-moi l’expression– une forme de masturbation ; un plaisir intime et immédiat. Ma première vraie nouvelle date de l’époque de mes 11 ans, puis j’ai quand même présenté un texte, « l’enfant supplice », au prix du jeune écrivain de Muret, je devais avoir 18 ans. Le texte a été bien reçu et a suscité de bonnes critiques, néanmoins il n’était pas assez abouti pour obtenir un prix. Je n’ai pas retenté l’expérience ; retravailler les textes écrits sous l’impulsion ça ne me correspond pas vraiment.

L'horrible scène de carnage dans le lycée, ça vient d'où?
Ah cette scène elle choque tout le monde ! Mais la plupart des gens la trouvent exagérée et peu réaliste. C’est pourtant la seule part de réalité, puisque tout le reste est totalement inventé. Je ne me suis pas du tout renseignée sur le cas du jeune homme du fait divers avant d’avoir écrit mon histoire. Je ne voulais pas que ça m’influence.

On trouve dans votre livre un soutien notable pour les adolescents homosexuels, c'est important pour vous d'assumer ses différences?
Je ne me suis pas rendue compte. J’ai écrit comme je le sentais. La question d’homosexualité était secondaire pour moi. Quant à assumer ses différences, oui forcément, parce qu’on ne vit pas pour faire plaisir aux autres en restant dans les cases qu’ils ont inventé. Après, savoir si c’est facile est une autre histoire. Mais forcément, plus on est ouvert et tolérant, plus on rend les choses faciles.

Comment s'est passé l'écriture, la publication et l'avis des lecteurs?
J’ai écrit en moins de trois semaines. Je venais de terminer me premier tome d’une trilogie vaguement fantasy que j’écris pour mon plaisir. J’avais envie de couper avec ses personnages qui m’occupaient l’esprit et d’écrire quelque chose d’un peu plus vrai, réaliste, du moins contemporain. 
J’avais une vague idée de ce que je voulais, le fait divers tournait dans ma tête en même temps que l’album d’Indochine Alice&June, que je découvrais bien après tout le monde. Cette ambiance noire et romantique a agit comme catalyseur sur mon écriture, et j’ai démarré l’histoire de Dam en commençant par la fin – la première. 
Puis j’ai écrit les scènes principales que je voyais comme un film. J’ai donné deux ou trois traits de caractère à Dam, et il a fait le reste tout seul. Je dis souvent que c’est lui qui m’a écrit plus que moi je ne l’ai écrit. Je me suis laissée portée par l’écriture. Je la voulais fluide, à la manière du journal intime. La narration à la première personne s’est imposée et je l’ai gardée. Les dialogues se sont coulés dans le texte, je n’avais pas envie des tirets traditionnels qui auraient rompu la pensée de Dam, je suis bien contente que l’éditeur ait conservé cette mise en forme. 
Quand j’ai eu fini mon histoire, elle s’arrêtait sur la première fin. Elle était entièrement bâtie sur un mode crescendo de frustrations qui devait aboutir au drame. J’ai mis un point final et normalement j’aurais dû être satisfaite, mais ça n’a pas été le cas. Je n’ai pas cessé d’y repenser durant des jours. Je me demandais sans arrêt s’il n’y avait pas une autre option. Si la fin ne pouvait pas être autrement. J’ai réfléchi à ce que je pouvais changer, et un soir j’ai dû me relever pour aller écrire une autre fin, histoire de voir si ça collait mieux. J’ai décidé de garder les deux. Pour moi, elles ont chacune de la valeur que parce que l’autre existe. L’une sans l’autre n’a aucun poids. 
Une amie l’a lu, a adoré, et a insisté pour que je l’envoie à un éditeur. Je n’y croyais pas du tout, mais elle a tellement insisté que ne serait-ce que pour avoir la paix, j’ai pris la liste des éditeurs en commençant par Z, et j’ai envoyé mon manuscrit, sans y croire, à trois éditeurs. Le Rouergue m’a répondu dans les 15 jours, et ils ont gardé le texte tel quel, à 3 mots près. Je n’en reviens toujours pas. 
Ce qui s’est passé ensuite tient du miracle. Il y a des gens qui m’écrivent pour me remercier d’avoir écrit ce livre, parce qu’il leur a permit de se réconcilier avec des proches… J’ai du mal à me rendre compte de l’impact que ça peut avoir sur les gens, mais j’en suis très touchée.

Les thèmes de la scarification et de l'isolement sont aussi dans votre livre, pourquoi?
C’est ce qui est naturellement venu. Je n’ai pas réfléchis à des thèmes, ni à des causes à défendre, j’ai réfléchis à un jeune homme sensible, un peu dépassé par le cours de la vie comme on peut l’être nous même. L’idée des scarifications est venue toute seule, comme moyen d’extérioriser ses douleurs et ses frustrations. Après j’ai joué sur le vocabulaire qui coupe et qui tranche. Je voulais montrer un personnage qui a plus que tout envie de vivre et qui en arrive malgré tout à se tuer, parce que vivre est trop difficile pour lui, qu’il ne trouve pas les ressources. Le sang était une façon de maîtriser cette vie. Mais là j’ai complètement fantasmé, je ne fais pas de psychologie !

Votre adolescence était-elle rose ou noire?
Entre les deux ! Ni tourmentée ni idyllique, j’étais quelqu’un d’assez solitaire qui fuyait les groupes et les clans. Je passais mon temps à écrire et à rêvasser. J’étais assez anxieuse, pétrifiée à l’idée de sortir et de faire des rencontres. Je le suis toujours même si je me domine !

Imaginons un fan qui vous dise: "je veux faire un film avec votre livre!", quelle est votre réponse? 
Oui si c’est Xavier Dolan ! 
Non sans rire, pourquoi pas ? 

Votre top lecture en ce moment?
Aïe ! La question qui tue ! Je ne lis pas, ou peu. Ma lecture en cours c’est « le ravissement de Lol V. Stein », de Duras. Mais je galère dessus. Juste avant c’était « La Délicatesse », de Foenkinos, « Neige Rien » de Valérie Rouzeau, et les « Mauvais Anges » de Jourdan.

Comment expliquez-vous les réactions familiales chez Dam?
Je ne les explique pas. 
J’avais envie de sortir un peu des clichés de famille éclatée, de parents qui démissionnent et d’enfants à problèmes. Je voulais que Dam fasse partie d’une famille normale, bien sous tout rapport, ordinaire. Je ne voulais pas que ce soit la faute des parents, et malgré tout je me suis retrouvée à décrire une famille indifférente, pas maltraitante au sens strict du terme, mais qui finit par peser sur Dam qui est un garçon sensible. Imaginons un ado plus serein, qui aurait un caractère plus affirmé, il passerait son temps à se battre avec sa sœur et à répondre à son père. 
Je pense que cette famille est cantonnée dans ses idées et qu’elle a du mal à en sortir. Mais si le père brime Dam, il croit le faire pour son bien, pour pas qu’il foute son avenir en l’air à cause de ce qu’il croit être de mauvaises fréquentations. Les intentions sont louables, même si les moyens ne sont pas les bons. Je n’aime pas qu’on en veuille au père, même s’il est énervant. 

Aviez-vous un message à faire passer aux lecteurs?
Un message à faire passer à moi-même plutôt, puisque je n’imaginais pas que ce texte puisse être lu. Mais en effet, je voulais que l’on soit conscient du poids de nos mots ou de nos non-mots dans la vie des autres, de l’influence qu’on peut avoir sur eux et eux sur nous. Qu’on est tous, à un degré où à un autre, un peu responsables quand un drame survient, et que c’est toujours plus facile d’accuser les parents, l’école, la société, les jeux-vidéos, internet, les réseaux sociaux, la folie etc.… 

Un maître écrivain à respecter plus que tout?
Aucun. Je lis très peu, le minimum vital, parce que ça me prends du temps sur l’écriture qui m’est indispensable. Mais j’aime bien Duras ; plus je lis, moins je comprends mais plus j’aime. C’est irrationnel. J’aime Michel Tournier aussi, et Eric Jourdan. Littérature plutôt érotique pour Jourdan, mais un pro des sentiments et des sensations, j’admire cette capacité à retranscrire des flashes d’émotions que je peine moi-même à démêler. J’aimerais savoir écrire comme lui.

Sur quel genre de personnage aimeriez-vous écrire à présent?
Je réfléchis à une histoire d’amour entre un frère et une sœur. Quelque chose qui serait beau et envoûtant, et qui laisserait mal à l’aise. Mais rien n’est fait. J’aime bien des personnages tortueux, ambigus, même si je suis loin d’exceller dans ce domaine. Mais c’est en forgeant… etc.…

Le prochain c'est pour quand et ça parlera de quoi?
S’il est publié… ce qui est loin d’être le cas, le texte sur lequel je travaille est un huis-clos très intimiste, à la fois beau et pervers, entre deux personnages, un qui détient l’autre dans sa cave, et qui ressentent l’un pour l’autre une sorte de fascination et d’adoration. On n’est plus dans la littérature ado.

En ce moment, la vie pour vous c'est beau?
La vie c’est magique, même quand ça va mal. Ça passe trop vite pour faire la fine bouche !

jeudi 8 mars 2012

FullMetal Alchemist

FullMetal Alchemist de Hiromu Arakawa, ed. Kurokawa. Série terminée en 27 volumes. 

   Je me suis dis que quitte à parler du deuxième manga de ce mangaka ce soir, autant parler de sa première oeuvre maintenant, ça fera une pierre deux coups. Aller, on commence la chronique!

   L'histoire se déroule dans un monde proche de notre XXème siècle. Dans ce monde, la technologie n'est pas très en vogue, alors certes les gens ne connaissent pas l'avion et doivent prendre le train pour voyager d'un bout à l'autre du pays mais ils ont l'alchimie. Science puissante et dangereuse aux principes très strictes: pour obtenir une chose il faut nécessairement en sacrifier une autre, c'est ce que les alchimistes appellent "la loi de l'échange équivalent".
Dans le pays d'Amestris, l'alchimie est partout, jusque dans le gouvernement militaire puisqu'il compte dans ses rangs de redoutables scientifiques qu'on surnomment alchimistes d'états, soldats capables de combattre sur le front politique, militaire et scientifique, de vraies armes humaines qu'on envoient en dernier recours lorsque les guerres durent trop longtemps.

   On suit les aventures de deux jeunes adolescents, les frères Elric. Edward est l'aîné, petit, caractériel, et téméraire (voire suicidaire à certaines occasions) il est ce qu'on appelle un génie: entré dans l'armée à l'âge de douze ans, il est le plus jeune alchimiste d'Etat d'Amestris. Alphonse est son cadet mais il est de loin le plus adultes de deux, c'est celui qui réfléchit avant de parler, qui s'excuse quand Ed fait des dégâts et qui sert plus ou moins de garde fou à son frère (même si il n'y arrive pas toujours).
  Ces deux-là voyagent à travers tout le pays afin de trouver la pierre philosophale, plus grande légende en ce qui concerne la science nationale, ou du moins quelque chose qui s'en approche. Eux n'ont pas respecter les règles et ont commis le pire tabou alchimique: ils ont voulu ramener un mort à la vie (en l'occurence leur mère). Résultat: Edward perd son bras droit et sa jambe gauche et Alphonse son corps entier, son âme se retrouvant coincée dans une armure imposante. Voilà ce qui arrive quand on se prend pour Dieu. La pierre philosophale c'est leur unique chance de retrouver leurs corps, ils partent donc trouver cette fabuleuse pierre dans un pays où tout va mal: les relations avec les pays voisins manquent de se changer en guerre, des survivants d'une ancienne guerre ethnique réclament vengeance et les coups bas dans l'armée ne sont pas rares.
   Cerise sur le gâteau pour les frères Elric, à force de chercher ce qu'il ne fallait pas ils se retrouvent au coeur d'un complot, se mettant à dos plusieurs ennemis: d'abord d'autres alchimistes, ensuite des homonculus (êtres humains crées par alchimie) qui sortent d'on-ne-sait où et surtout l'armée qui loin d'être un  gouvernement idéal cache énormément de secrets morbides liés à l'alchimie, et plus particulièrement à la pierre philosophale. Commence alors pour les héros une quête dangereuse où les alliés ne sont pas toujours ceux que l'on attendaient, où les ennemis cachent bien leur jeu et où les leçons apprises sont les plus dures et les plus humaines qui puissent exister.

   Ce manga est ce que j'appelle un "manga d'apprentissage", oui comme les romans d'apprentissage. Il s'agit véritablement d'une quête à la recherche d'une légende et les deux héros grandissent au fil des volumes, apprennent de leur erreurs, font face à leur peur et même atteignent une vérité absolue et terrifiante. Hiromu Arakawa nous plonge totalement dans un monde où rien n'est laissé au hasard, en gros ce monde tient parfaitement la route, tout comme les situations. On découvre un univers riche de cultures et de personnages (militaires, Ishbals, habitants d'Amestris, habitants de Xing, et autres), de savoir et de philosophie. Car oui, ce manga est un vrai essai philosophique sur la vie, la mort, l'humain et les conséquences de ses actes. On ressort de cette oeuvre grandit, on mûrit en même temps que ses personnages et on voit le monde sous un nouveau jour.
  L'auteur a le chic pour savoir comment écrire une histoire: jusqu'au bout on reste accroché au manga, quand tout roule pour le mieux il y a toujours un rebondissement qui arrive là où personne ne l'attendait pas, qu'il soit tragique ou comique (Hiromu Arakawa parvient à nous faire hurler de rire en plein milieu d'une scène de combat).
Les lieux, les personnages et leurs histoires personnelles, tout est travaillé d'une manière réaliste. Pas une seule fausse note: les méchants sont méchants pour de bonnes raisons et ne sont pas en mode caricature. Les scènes de combat sont maîtrisés à la perfection et, ça c'est génial, le bien n'est pas toujours vainqueur. Avec ce manga on a non seulement du crédible, du réaliste mais surtout une bonne claque dans la tête. Fini les histoires où tout roule facilement, l'auteur est sadique avec ses personnages (pour notre plus grand bonheur): si ils veulent gagner ils vont devoir ils laisser quelques dents (voire plus) et quelques belles pensées trop idéalistes. Le monde n'est ni tout blanc ni tout noir est ça Hiromu Arakawa nous le fait bien comprendre.

   Attention: FullMetal Alchemist n'est pas un simple manga, c'est un véritable chef d'oeuvre sur pages qui me ferait parler encore pendant des heures. C'est bien simple, je n'ai pas lu le dernier tome, et je ne désire pas le lire (même si je connais parfaitement la fin de l'histoire, pas la peine de vouloir me jouer un mauvais tour en me la racontant). J'aime bien dire que j'ai grandie avec ce manga, ce qui n'est pas tout à fait faux vu que le premier tome est sorti quand j'avais 13 ans et que le dernier tome est arrivé deux jours après mes 19 ans.
Pour moi FullMetal Alchemist est une oeuvre qui ne devrait pas avoir de fin, car elle parle de la vie, tout simplement, de l'humain (ses émotions, ses relations avec les autres, ses rêves et ses craintes), de l'existence humaine et de ce que l'humain doit en faire, et je trouve que ce genre d'histoire ne devrait pas avoir d'épilogue, c'est déjà suffisamment beau comme ça.












Hero Tales



 Hero Tales, Hiromu Arakawa & Ryo Yashiro, ed. Kurokawa.

 Adaptation de l'oeuvre de Huang Jin Zhou, Série terminée (5.t).

  Et voilà: premier manga qui a l'honneur d'avoir sa vraie chronique sur ce petit blog, et pas n'importe lequel puisqu'il s'agit du deuxième manga de Hiromu Arakawa. Pour ceux qui n'auraient toujours pas compris avec ma critique vidéo sur FullMetal Alchemist (qui aura lui aussi son article, no panic!), Hiromu Arakawa est membre de mon catalogue de mangakas adorés et doués au possible.

Hero Tales est à la base un roman chinois écrit par Huang Jin Zhou, ne l'ayant pas lu je ne peux pas vous dire si l'adaptation en manga est proche ou non de l'histoire originale, je peux seulement vous dire que le travaille de recherches faites sur la Chine par Arakawa et son groupe d'assistants et stupéfiant, j'ai voyagé sans bouger de mon fauteuil, pratique (le billet d'avion ne m'a coûté trop cher, chouette!).
L'histoire se passe au beau milieu d'une Chine médiévale où l'insurrection politique règne, le jeune empereur n'est pas entouré que de bons et loyaux sujets et un groupe armé, Les Loups d’Ébène pillent les villages un à un au nom de l'empire.
C'est dans cette époque troublée que Taito Shirei, adolescent bagarreur du clan du Dragon d’Émeraude, apprend qu'il est l'une des sept étoiles septentrionales et qu'il porte la marque de l'étoile Hagun, farouche ennemie de l'étoile Tonrô. Ces deux étoiles se disputent à chaque réincarnation afin de détrôner l'autre et de prendre le pouvoir sur le monde. Le voilà maintenant investi d'une mission qu'il n'attendait pas: retrouver les autres étoiles alliées et combattre le porteur de Tonrô avant que ce dernier ne le trouve. Ici pas de quartier: c'est le premier qui trouve l'autre et le tue qui gagne. Et c'est encore plus dangereux quand on sait que le porteur de Tonrô est le général Keirô, homme prêt à tout pour devenir empereur, quitte à mettre le pays à feu et à sang.

Bon côté histoire, il est nécessaire de relire plusieurs fois avant de tout saisir, quand les informations importantes arrivent elles sont toujours nombreuses et assez complexes (ou alors c'est que mon cerveau est particulièrement lent). 
L'histoire est assez classique dans son genre: le bien contre le mal, ce qui change ici c'est que le bien n'est pas toujours très coopératif, en effet l'étoile d'Hagun est connue pour son pouvoir dévastateur et quand c'est une jeune homme plutôt colérique et fonceur qui porte la marque les dégâts sont impressionnants. Malgré l'histoire originale imposée, on reconnait le style d'Hiromu Arakawa qui s'en tire ici à merveille: les scènes humoristiques sont toujours aussi tordantes et les scènes de combat sont toujours aussi bien maîtrisés, on ne peut rien contre les mangakas géniaux.
Personnellement je trouve que cinq tomes pour une histoire aussi vaste c'est un peu trop court, et parfois on a l'impression de que tout va trop vite, mais tout est parfaitement à sa place que ce soit les combats, les moments de désespoir où l'arrivée de nouveaux personnages, au final ça va très vite et on se laisse entraîner dans cette course contre la montre.
J'avoue ne pas être très fan de ces histoires où les légendes sont si complexes et où il faut retenir autant de noms et d'informations en si peu de temps, je suis une petite limace qui aime prendre son temps alors avec les histoires rapides comme ça j'ai tendance à ramer, voire à trouver la fin bâclée, mais ici, malgré mes problèmes de mémoire et de compréhension je n'ai pas de points négatifs à dire sur la fin qui est -je trouve - très bien retranscrite: elle suit parfaitement le fil de l'histoire et ne nous fait pas regretter d'avoir eut la curiosité de commencer l'aventure.




lundi 5 mars 2012

Les Chevaliers d’Émeraude,

Les Chevaliers d’Émeraude, tome 1: Le Feu dans le ciel.
 Anne Robillard, ed. Michel Lafon Poche.

   Enfin! Enfin, après des années de batailles cervicales et de "oh aller...oh et puis non, plus tard", je me suis enfin lancée dans la lecture de cette incroyable saga qui ne contient pas moins de douze tomes, tous déjà disponibles en grand format... Quelle brillante idée ils ont eu chez Michel Lafon! Sortir leurs meilleurs livres en format poche, vraiment, nous les fourmis dévoreuses de monnaie et grandes lectrices on attendait que ça, vraiment (surtout que les couvertures si jolies sont toujours là et que c'est un livre de poche super agréable au toucher...et tout léger et tout!, je crois que je m'éloigne là...). 

Enfin voilà, j'ai commencé Les Chevaliers d’Émeraude, grande saga racontant la lutte de tout un continent, Enkidiev, contre L'Empereur Noir qui n'a rien trouvé de mieux que de laisser son unique enfant, mi-démon mi-humaine sur ce même continent, et qui cherche par tous les moyens à la retrouver afin de la façonner à son image et de pouvoir conquérir le monde (et certainement en faire un ravissant paradis démoniaque). 
Seulement ce n'est pas la première fois qu'il abandonne un de ses rejetons sur le continent, ni la première fois qu'il attaque les humains des différentes nations avec son armée d'insectes. La dernière fois il avait perdu, cette fois encore les humains comptent bien le renvoyer d'où il vient. 
Les Chevaliers d’Émeraude, chevaliers puissants aux pouvoirs magiques, qui forment l'Ordre créé (ou re-créé à vous de voir) par l'Empereur Émeraude Ier sont chargés de protéger Enkidiev et tout ça avec des rois voisins pas toujours coopératifs, des dragons qui s'amusent à arracher le coeur de leurs victimes, des Écuyers à peine sortis de l'enfance et une enfant nommée Kira qui selon la prophétie devrait pouvoir arranger les choses, pas facile d'être un héros en temps de guerre. 
Voilà, c'est un résumé un peu bizarre mais en gros c'est ça Le Feu dans le ciel, tome 1 de cette grande saga. 

Et c'est comment? C'est génial! Pas encore coup de coeur car j'attends de lire toute la série entièrement afin de donner un avis définitif (oui je sais, je vais devoir patienter si je veux tout en poche, mais bon), mais vraiment c'est génial. J'ai commencé à lire, le style reposant et doux d'Anne Robillard m'a tout de suite séduite. 
Alors certes, ce premier tome sert un peu d'introduction à la série, on suit un à un les chevaliers qui rencontrent les rois, on se répète pas mal lors des réunions, on lambine un peu parfois entre deux chevauchées dans de magnifiques contrées, on mange beaucoup parce que les souverains sont (presque) tous des hommes civilisés, et surtout on utilise la vague d'apaisement toutes les cinq minutes parce que la vie chevaleresque ça donne des cheveux blancs avant l'heure (cette histoire de vague d'apaisement m'a marqué!) mais c'est tout simplement délicieux comme lecture, et puis il faut bien commencer non?

J'ai commencé ma lecture et avant même que je réalise j'étais déjà accro. Maintenant je conseille 
Les Chevaliers d’Émeraude à tout le monde et je m'impatiente de me procurer le tome 2.