jeudi 18 septembre 2014

Le Petit Monde

Le Petit Monde
trilogie de Morvan & Terada, ed. Dargaud.

  On a tendance à oublier (merci Disney) que le Neverland de Peter Pan n'est pas un monde rose où tout roule au doux son du réveil avalé par le crocodile... Il y a plusieurs années, j'étais tombée sous le charme d'une trilogie aussi barbare que grandiose: Le Petit Monde!

  Libre adaptation de Peter Pan écrit par James Matthew Barrie cette trilogie au style graphique incroyable reprend le roman original pour placer l'aventure dans un monde futuriste où inégalité sociale et crimes sont monnaie courante.
  Attention: la violence de cette bd  peut rendre mal à l’aise les lecteurs les plus sensibles! Mais pour ceux qui n'ont peur de rien, ils seront récompensés par le rythme, la beauté et la fatalité de cette bd.


  Le monde revisité, les aventures et les personnages sont poussés à l'extrême. Piedra, le Peter Pan drogué et blasé de cette adaptation est vraiment un être sans cœur et horriblement mauvais même pour lui-même. Les personnages féminins, la Fée Clochette ou encore Wendy, sont des garces et des manipulatrices. Quant aux enfants perdus et l'équipage de Crochet le mafieux, je n'arrive pas encore à décider quelle "équipe" est la plus sanglante!


 Le titre du Petit Monde, est une parfaite illustration du monde dans lequel évoluent les personnages. On a la ville haute - les riches - avec les Darling, famille de l’Ambassadeur du Japon et la ville basse où vivent les pauvres, les malfrats, et - bien sûr - tous les originaires du Neverland. Au fil des pages, on se rend compte que les deux "villes" sont aussi identiques au point de vue moral: meurtres, mensonges et manipulations sont de véritables traditions dans ce monde.


En bref: Un véritable coup de coeur d'une violence extrême à couper le souffle!
Le moins: Le sadisme ne peut pas plaire à tout le monde... courage!
Le plus: Un graphisme, une écriture, un duo gagnant!

mardi 2 septembre 2014

Harfang

Harfang
d'Aurore, ed. Delcourt.

  Il y a quelques années, j'ai découvert le style graphique d'Aurore, une illustratrice française, avec la série Pixie et depuis je suis fan (pourtant c'est pas facile pour un mauvais caractère comme le mien!). Lorsque j'ai appris qu'Aurore publiait son nouveau bijou, Harfang, j'ai tout de suite sauté dessus. Alors? Le bonheur était-il dans ses pages? Et comment! 

  Mais de quoi ça parle, Harfang ? C'est la libre adaptation d'un conte de Grimm, Jorinde & Joringel, un conte assez oublié qui raconte la malheureuse aventure d’un couple piégé par une vieille sorcière, alors qu'il se sont perdu dans une forêt maudite. La jeune fille est transformée en oiseau et devient la prisonnière de la sorcière tandis que le jeune homme se retrouve éloigné de sa fiancée, promis à une mort certaine si jamais il tente de la sauver...


  Evidemment, comme Harfang est une libre adaptation, il y a forcément des changements narratifs par rapport au conte originel. La vieille sorcière devient une très belle femme, le monde monde dans lequel vivent les personnages est plus asiatique qu’européen et on a même droit à une belle scène de combat mais tous ces changements sont le point fort de cette bd!


   L'univers d'Aurore est très riche et elle arrive, tout en gardant le conte originel à l’esprit, à donner au lecteur une véritable histoire proche du genre de l’héroïc fantasy en jouant notamment avec des éléments fantastiques: quête d'un jeune héros, créatures monstrueuses et lévolution des personnages. Ce dernier point, justement m'a beaucoup plu parce que, très souvent dans les contes le héros n’est pas très intéressant :  il est aidé par l'univers merveilleux ou alors il a un bol monstre! Les contes étant ce qu'ils sont, il n'y a pas beaucoup de place au caractère. Avec Harfang on a un couple qui évolue tout au long de l’histoire et un monde qui permet justement cette évolution et qui donne même envie d’avoir une suiteLa fin est une fin ouverte et donne très très très envie d’avoir un tome 2 - Aurore, si jamais vous passez par là - ce qui à mon sens montre bien que l’auteur à su prendre le pas sur le conte de Grimm.


En bref: une très belle bd, qui peut laisser sur sa faim suite à sa fin abrupte mais qui vaut vraiment le détour! Un vrai coup de coeur!
Le moins: tome 2 sera, ne sera pas?
Le plus: rien à dire, l'histoire, l'univers, le dessin me plaisent. Bravo!

lundi 1 septembre 2014

Notre-Dame

Notre-Dame, série en deux tomes.
D'après le roman Notre-Dame de Paris de Victor Hugo
adapté par Robin Recht & Jean Bastide; aux ed. Glénat.

   Si il y a bien une chose pour laquelle je bénis Victor Hugo d'être apparu sur cette terre, c'est bien pour Notre-Dame de Paris. Il s'agit de l'un de mes romans préférés et je le lis et le relis depuis des années sans m'en être jamais lassé. Loué soit Quasimodo! Hum! Pardon, je m'emporte.
   BREF! Il y a quelques jours, je suis tombée sur les deux tomes de la bandes-dessinée Notre-Dame. Il s'agit d'une toute nouvelle adaptation de la célèbre histoire d'Hugo revu et illustrée par Robin Recht et Jean Bastide. Ce duo de nouveaux talents m'a-t-il fait rêver? Oh que oui!


  Pour ceux qui se réveillent à peine, je rappelle que Notre-Dame de Paris relate l'histoire de la bohémienne La Esmeralda qui a le malheur d'être trop belle. Aimée et désirée par plusieurs hommes dont Gringoire le poète ou encore Quasimodo le bossu et carillonneur  de la cathédrale; elle jette son dévolu sur le soldat de la Garde Royale le beau Phoebus qui ne voit en elle qu'une nouvelle maîtresse. Pourchassée par un homme d'Eglise, Claude Frollo, La Esmeralda sera condamnée à la pendaison pour un crime qu'elle n'a pas commis. 
  Ce résumé très succinct saura, je l'espère, vous remettre les idées en place concernant ce classique de la littérature. Mais à présent, parlons de cette nouvelle adaptation...

Et hop! Magie de la transition!
  Pour cette adaptation, ce fut Pierre Gringoire, poète de son état et époux de La Esmeralda, qui fut désigné pour jouer le rôle de narrateur. Ce qui n'est pas une si mauvaise idée car il est l'un des rares personnages à avoir un possible après à la fin du roman d'Hugo. Bien que personnage mineur dans le coeur de l'héroïne, il est celui qui parvint à faire le lien entre tous les protagonistes de l'histoire - comme l'a bien démontré la comédie musicale - que ce soit avec les bohémiens, Frollo ou encore les nobles de Paris... 

Gringoire & La Esmeralda ne sont visiblement pas d'accord...
  Malheureusement, ce bon point est à mes yeux également négatif. En effet, Gringoire étant au courant de nombreuses choses, il n'est pour autant pas présent dans toutes les scènes du livre et alors que le premier tome de Notre-Dame est juste et bien fourni, le second quant à lui m'a laissé un sentiment de manque. Le procès de La Esmeralda est à peine évoquée, ses longs mois passés en compagnie de Quasimodo, à l'abris dans la cathédrale sont réduits à seulement trois pages et le dénouement semble arriver trop vite. Un troisième tome n'aurait été, à mon sens, pas de trop...

Quasimodo qui passe un mauvais quart d'heure...
  Pour ce qui est de la vision des personnages, elle me semble assez juste. Phoebus redevient l'ignoble séducteur qu'il était - ce que beaucoup ont zappé grâce à la version trop gentille de Disney -, Clopin redevient vieux et surtout surtout surtout (!!!!) La Esmeralda a enfin un visage d'adolescente
  Ce que je regrette beaucoup dans les autres versions c'est que jusqu'ici - je me trompe peut-être, après tout je ne connais pas toutes les adaptations du roman - la gitane n'a quasiment jamais un visage jeune (de mémoire, elle a tout juste 15 ans dans le roman). Que ce soit pour Disney ou encore avec des actrices comme Gina Lollobrigida (qui est superbe dans le rôle) La Esmeralada était toujours vue sous les traits d'une femme et jamais comme une toute jeune fille (merci Hugo).

Cette version est donc, pour moi, la plus proche que j'ai vu jusque là. Et surtout, elle est éloignée du stéréotype espagnol qu'on a - ces dernières années - attribuées à la bohémienne -doit-on remercier la comédie musicale pour cela, je ne sais plus), un petit coup de jeune pour cette merveilleuse histoire qui redonne envie de lire le roman!
Papa arrive à la rescousse!
En bref: pas de grande nouveauté, mais un vrai bonheur pour les fans d'Hugo!
Le moins: deux tomes c'est trop peu, le choix de narration est clairement à double-tranchant...
Le plus: le coup de crayon de Jean Bastide est beau, beau et re-beau.